Chrome a gagné la guerre des navigateurs

Dernière mise à jour le 20 Juin 2017
Chrome a gagné la guerre des navigateurs

Ce billet a été rédigé par Andreas Gal, un ancien employé de Mozilla, qui a travaillé sept ans chez Mozilla et était directeur de la technologie avant de quitter Mozilla il y a deux ans pour se reconvertir dans l’internet des objets et dans l’intelligence Artificielle:

« Mozilla a publié un article sur le blog il y a quelques jours, soulignant ses efforts pour rendre le navigateur Firefox plus compétitif. J’avais l’habitude de suivre de près le marché des navigateurs, mais je n’ai plus jeté un coup d’œil depuis déjà quelques années, alors j’ai pensé qu’il était temps d’étudier quelques chiffres, le contat est clair et sans appel: »

Le graphique ci-dessous montre le pourcentage de part de marché des 4 principaux navigateurs au cours des 6 dernières années, sur tous les outils:

Les données proviennent de StatCounter et il est possible d’argumenter en affirmant que les données sont biaisées de différentes façons, mais au niveau macro, il est sûr que Chrome a absorbé le marché des navigateurs alors que tous les autres, à l’exception de Safari, se sont effacés.

Tendance

J’ai essayé quelques façons différentes pour tracer une ligne de tendance et c’est finalement un ajustement exponentiel qui semble fonctionner le mieux. Cela s’harmonise très bien avec les théories autour de la diffusion explosive de l’innovation et le lent déclin des technologies existantes. Si cette tendance des 6 ans se maintient, Internet Explorer devrait être pratiquement mort en 2 ou 3 ans. Firefox ne se porte pas bien mieux et se dirige malheureusement vers une part de marché estimée entre 2 et 3%.  En ce qui concerne ces deux navigateurs, ces faibles parts de marché participeront à accélérer leur déclin car les développeurs web ne testent pas sur les navigateurs avec une petite part de marché. Cette tendance va pousser les utilisateurs à changer de navigateur, ce qui les amènera en fin de compte à partir. C’est ce qu’on appelle un cercle vicieux.

Chrome et Safari ne s’adaptent pas aussi bien que IE et Firefox. L’explication en ce qui concerne Chrome est qu’il est probable que sa part de marché est si large qu’il a fini par  ne plus avoir d’utilisateurs à acquérir. Certaines personnes sont bloquées sur les anciens systèmes d’exploitation qui ne prennent pas en charge Chrome. La croissance récente de Safari est en dessous de sa performance habituelle, probablement parce que la croissance des périphériques iOS a ralenti.

Part du marché des ordinateurs de bureau

La recherche des parts de marché générée par tous les outils mobiles et de bureau démontre que Safari/iOS est dominant sur mobile alors que sur Desktop il possède une part très faible. Firefox quant à lui n’est carrément pas présent sur mobile. Alors, observons les chiffres en rapport avec les navigateurs pour les ordinateurs de bureau.

Le graphique prenant en compte seulement les navigateurs sur ordinateurs ne prédit malheureusement pas un destin différent pour IE et Firefox non plus. Le marché global des PC de bureau augmente légèrement (la plupart des ventes sont des PC de remplacement, mais de nouveaux utilisateurs sont également ajoutés). Malgré un marché en expansion, IE et Firefox sont en déclin constant.

Ajouter des utilisateurs ?

Eric a mentionné dans la publication du blog que Firefox a ajouté des utilisateurs l’année dernière. La part relative du marché Firefox a diminué de 16% à 14,85% pendant cette période. À titre de comparaison,  la courbe de croissance de Safari Desktop est relativement plate, ce qui signifie probablement que la part de marché de Safari est en phase avec la croissance (lente) du marché PC / ordinateur portable. Deux théories possibles sont que Eric a voulu dire dans son blog que les installations du navigateur ont été ajoutées. Les gens réinstallent souvent le navigateur sur une nouvelle machine, ce qui pourrait être appelée un «utilisateur ajouté», mais elle se fait habituellement au détriment de la machine précédente qui devient inactive. Il est également possible que le nombre absolu d’utilisateurs actifs au quotidien ait en effet augmenté en raison de la croissance du marché des PC / ordinateurs portables, malgré la forte baisse de la part de marché qui lui est relatif. 

À partir de ces graphiques, il est assez clair que Firefox n’ira nulle part. Même avec une renomée présente pendant plusieurs années, bien qu’avec une part de marché toujours plus faible. Cela, signifie malheureusement qu’un redressement est presque impossible.

Avec un changement de PDG il y a environ 3 ans, il y a eu un changement stratégique majeur chez Mozilla pour redéfinir les efforts sur Firefox et donc sur le navigateur de bureau. Avant 2014, Mozilla a fortement investi dans la construction d’un système d’exploitation mobile pour concurrencer Android: Firefox OS. J’ai commencé le projet OS de Firefox et l’ai mis à l’échelle. Alors que nous avons fait un bon début et avons vendu plusieurs millions d’outils, nous étions quand même toujours en retard et nous n’avions pas non plus réussi à rattraper la croissance explosive d’Android. La raison stratégique de Mozilla pour développer Firefox OS était souvent mal comprise. La mission pour laquelle Mozilla a été fondée était de construire le web en construisant un navigateur. L’innovation Mobile a complètement perturbé cette mission. Sur mobile, les navigateurs sont beaucoup moins pertinents, plus encore les navigateurs mobiles tiers. Ils sont en réalité plutôt considérés comme une fonctionnalité des applications Facebook et Twitter et non pas un produit. Pour influencer le web sur mobile, Mozilla devait construire un piller entier avec le web à son cœur. Il est peu probable que la construction de navigateurs mobiles (Firefox Android) ou des applications de type navigateur (Firefox Focus) capture une part significative des cas d’utilisation. Les deux ensembles ont en effet une part de marché proche de 0%.

Le changement stratégique en 2014 en ce qui concerne Firefox sur ordinateur a été significatif pour Mozilla. Comme l’explique Eric dans son article, beaucoup de travaux techniques incroyables sont passés à Firefox pour Desktop ces dernières années. Les équipes centrées sur les navigateurs de bureau ont été développées et les efforts axés sur les mobiles ont été réduits. Firefox Desktop est aujourd’hui techniquement compétitif avec Chrome Desktop dans de nombreux domaines, et même mieux que Chrome dans certains. Malheureusement, en regardant les graphiques, rien de tout cela n’a eu d’effet sur les tendances du marché. Les navigateurs sont un produit de base. Ils ressemblent à peu près à la même chose. Tous les navigateurs fonctionnent assez bien, et être légèrement plus rapide ou utiliser un peu moins de mémoire ne risque pas d’influencer les utilisateurs. Si même Eric, qui dirige l’équipe de marketing de Mozilla, utilise Chrome tous les jours comme il l’a mentionné dans la première phrase, il n’est pas surprenant que près de 65% des utilisateurs de navigateurs de bureau fassent la même chose.

Qu’est-ce que cela signifie pour le Web ?

J’ai commencé Firefox OS en 2011 parce que déjà à ce moment-là, j’étais convaincu que les ordinateurs de bureau et les navigateurs étaient morts. Nous sommes ici 6 ans plus tard et les deux sont toujours là, mais les deux sont des technologies héritées du passé qui ne seront pas particulièrement influentes à l’avenir. Je ne pense pas qu’il y aura une nouvelle guerre de navigateurs où Firefox ou un autre concurrent établira un nouveau partage de marché car ça serait comme le lancement d’un nouveau cheval juste amélioré en 2017 alors que nous conduisons tous des voitures désormais. Certaines personnes utilisent toujours des chevaux, et ils ont encore de la valeur, mais la technologie en rapport avec le transport a changé. 

Est-ce que cela signifie que Google détient le Web s’il possède Chrome? Non. Absolument pas. Les navigateurs sont ce que le Web était dans les premières décennies de l’Internet. La technologie Mobile a perturbé le Web, mais le Web a accueilli le mobile à bras ouverts à travers des applications où on retrouve JavaScript et HTTPS et REST. Le futur Web apparaîtra encore plus diffèrent. Certaines de ses composantes survivront et d’autres seront perturbées. J’ai quitté Mozilla parce que je devenais curieux en réfléchissant à ce que le Web va ressembler une fois qu’il sera principalement composé d’outils au lieu de postes de travail et de téléphones mobiles.

Alors que Google a gagné les guerres du navigateur, il n’a pas gagné le Web. En considérant encore une fois la métaphore du transport: Google fait les meilleurs chevaux du monde et ils ont clairement gagné la course de chevaux. Cela dit, je ne pense pas que la course importe beaucoup dans l’avenir.

Et vous ? Qu’en pensez-vous ? Comment se profile le futur du Web ? Laissez-nous un commentaire ci-dessous:

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